L'Est de la Turquie

Petit à petit un certain rythme se met en place. En général, je me réveille le premier, met le chauffage en route (au minimum), sors et profite des premières lumières matinales idéales pour la photographie. Dans les villages, j'assiste au regroupement du bétail par les paysans avant leur départ vers les pâturages. 

A mon retour, nous replions le grand lit afin de libérer le carré et la bonne odeur de la préparation du pain perdu finit par faire lever les retardataires! Ensuite, la métamorphose du carré en salle de classe est plus ou moins longue en fonction de notre motivation (car pour l'instant nous n'avons ni les supports ni les échéances des cours du CNED) et des événements extérieurs qui peuvent dans certains cas rapidement balayer toute notre bonne volonté (animaux qui passent, visites, invitations et générosité des habitants). Dans ce laps de temps, il faut assurer de front le rangement de la cabane (et pour 5 personnes dans 10m2 il faut un minimum d'organisation), la vaisselle et la toilette de chacun tout en essayant de contenir l'énergie toute fraîche de la troupe!

Le temps de l'école est un petit bonheur en soi. Une heure ou deux, 
difficile en fait à estimer car nous ne regardons jamais la montre, le soleil nous indiquant l’avancement de la journée.
Les quelques heures de route journalières sont très appréciées par tous. Anouk, sensible au mal de mer, toujours devant avec moi, gère la musique. Stephanie, à l’arrière, profite de ce temps pour finir de ranger, écrire des mails, classer les dernières photos, bouquiner, jouer avec Titouan ou Montaine qui occupent à tour de rôle la troisième place de la cabine avant, quand ils ne s’installent pas d’eux même dans leur couchette pour une sieste.

La pause déjeuner s’effectue en général dans un petit resto rapide au bord de la route ou dans un village proche. 

Le choix de l’emplacement du bivouac du soir est un moment fort de la journée, l’idéal étant de se poser en fin d’après midi avant le coucher du soleil pour profiter du site et de l’accueil des habitants, mais à cette saison, les journées étant assez courtes, il nous arrive de temps en temps, de nous arrêter dans la pénombre sans trop connaître notre environnement et je dois dire que c’est une situation que me stresse pas mal. 

Nous n’avons aucun soucis pour la gestion de l’eau à bord car on en trouve en libre accès dans les très nombreuses stations service.

En ce qui concerne la lessive, la machine à laver du bord (un réservoir d’eau fixé sous le plancher) joue parfaitement son rôle. Après quelques heures de route, nous rinçons le linge qui a été bien brassé au milieu des boules de lavage. Etendu sous le faîtage le soir, il est sec le lendemain matin.  
------------------------

Sur la route, dans le village de Yarhisar, non loin de la ville de Sivas:

 A peine nous sommes nous arrêtés le soir que nous sommes invités pour partager le repas accompagné immanquablement de çaî (thé prononcé tchaï)

Qu'importe le barrage de la langue, 
notre ami Richard, infatigable communiquant, 
discute par internet avec notre hôte, chef du village (avec Google Translation): 
grande partie de rigolade assurée!






Un de ces matins où l'école commence forcément par une grande récré!

---------------------------
2 mois après notre départ et plus de 7000 km parcourus, j'ai la sensation d'être entré désormais dans la vrai dimension du voyage, celle dont je rêvais en le préparant. Toutes les contraintes de mon quotidien se sont petit à petit effacées: le stress lié à la gestion d'une entreprise, les engagements et échéances à respecter, la routine et ... le temps qui passe toujours trop vite dans nos vies actives. 
Nous devons respecter un certain timing par rapport à l'itinéraire prévu, mais avec une telle liberté l'itinérance m'offre un réel repos de l'esprit.

Chaque jour nous réserve son lot de découvertes, d'imprévus, de rencontres chaleureuses et souvent drôles, car pour communiquer, nous devons faire preuve d'imagination pour compléter notre langage germanoanglicoturc. En Turquie, il faut vraiment se poser loin de toute habitation pour passer une soirée uniquement en famille ou entre amis voyageurs. 
----------------

En escale forcée de 5 jours à Erzincan, en attendant le troisième colis du CNED

 Les enfants du village dans lequel nous bivouaquons 48 heures ont vite fait de former une équipe de foot

Nous prenons un peu de distance pendant 2 jours à 15 km d'Erzincan en montant dans les pâturages sous les sommets enneigés, mais nous ne sommes jamais vraiment seuls très longtemps!



Grâce à notre ami Véli qui nous met en relation avec son copain Akan Akdeniz à Erzincan nous parvenons enfin à récupérer nos 3 colis du CNED...les vacances sont terminées!!!
Aussitôt nous filons vers  Erzurum pour une dernière mission avant l'Iran: récupérer des visas. Alors pour être au plus près des événements nous garons notre cabane devant le consulat en plein centre ville. A 15h30 très précisé le lendemain, mission accomplie après encore quelques démarches, nous avons les 5 visas pour 30 jours!!!


Pour nous donner du courage pour la suite du voyage, le destin nous mène pour la nuit dans une station service aux abords de Agri ou nous  rencontrons le boss d'un hôtel de luxe qui nous invite à passer 2 bonnes heures pour profiter de l'espace SPA de l'hôtel juste parce qu'il aime les voyageurs! On en est sorti tout propres!




Le lendemain, après avoir longtemps contemplé le mont Ararat sur notre gauche, nous arrivons à 14 h à la frontière devant le drapeau iranien et les visages des 2 ayatollahs. Mais Iran ou pas, c'est l'heure de manger alors en attendant que ces messieurs se décident à nous faire avancer dans les démarches, on s'offre une bonne plâtrée de pâtes! On ne va quand même pas se laisser impressionner! Après plus de 4 heures de démarches, nous entrons en Iran.